Pour les chapitres 1 à 3 cliquez ici
Pour les chapitres 4 à 6 cliquez ici
Chapitres 7 à 9
7.
Avec l’arrivée des beaux jours, Luna avait pris l’habitude d’aller écrire sur les pelouses des Buttes Chaumont. Ce parc était une véritable source d’inspiration. Les joggueurs, les enfants qui faisaient des roulés-boulés sur les pentes du parc, les chiens qui s’abreuvaient aux petits ruisseaux, les couples qui pique-niquaient… tout ce petit monde se rassemblait au cœur de cette bulle de verdure, poumon du 19ème arrondissement. Elle s’y sentait bien et à la fin de l’été, elle y écrivit la dernière page de son roman.
Au moment de mettre le point final, alors que le soleil commençait à descendre dans le ciel, elle sentit une fierté extrêmement forte. Elle avait alors envie de dire à tout le monde « j’ai écrit un livre !! ». Mais évidemment, les gens autour, ça ne les intéressaient pas tellement.
Elle pris alors le chemin de chez elle et commença à réfléchir à la suite. Ecrire un livre, c’est bien, mais encore faut-il qu’il soit publié pour être appelé « livre ». Sinon, ça restait un document word de 23 597 mots. Elle commença alors à se renseigner sur internet sur les différentes maisons d’éditions. Joséphine, une de ses amies qui avait travaillé quelque temps dans ce domaine, l’aida dans ses recherches.
Il lui fallait cibler une dizaine de maisons d’éditions, écrire une lettre personnalisée pour chacune d’entre elles, expliquant sa démarche et résumant son livre. Ce qu’elle fit. Deux semaines plus tard, les enveloppes contenant cette lettre et un exemplaire de son roman étaient prêtes à être envoyées. Il ne suffisait plus qu’à les mettre dans cette boite jaune et à croiser tous les doigts possibles !
– Et maintenant, il n’y a plus qu’à attendre. Je sens que ces jours vont être les plus longs de ma vie… Je vais aller faire un tour au marché, acheter de quoi pâtisser, ça va m’occuper l’esprit ! Si ce livre ne marche pas, je pourrai toujours essayer de lancer un livre de cuisine !
Et ainsi elle passa les jours suivants à s’occuper comme elle le pouvait. Au bout de trois semaines, elle reçu une première lettre. Elle appela sa mère, elle n’avait pas le courage de l’ouvrir seule. Mais sa mère la rassura.
– Quoi que dise cette lettre, ce n’est que la première. Si c’est négatif, je ne veux pas t’entendre pleurer.
Alors Luna ouvrit la lettre. Le texte était tellement court qu’elle comprit aussitôt que ce n’était pas la réponse qu’elle espérait.
– C’est négatif. Ils disent qu’ils ont apprécié mon roman, mais qu’ils ne souhaitent pas investir sur de nouveaux « talents » actuellement. Sa voix commençait à trembloter.
– Ravale tes larmes tout de suite ! Ce qu’ils disent n’est pas négatif, c’est juste un mauvais timing.
– Ou simplement une façon diplomatique de dire que ça ne les intéressent pas.
– Et alors, même si c’est le cas, n’en fait pas une généralité. Dans ce domaine, il faut savoir écrire, certes, mais il faut avoir le mental qui va avec, alors tu vas apprendre à t’endurcir ma chérie, et tu vas continuer à croire en toi, parce que moi, je l’ai lu ton roman, et il vaut vraiment le coup. Et je sais que quelqu’un s’en rendra compte.
Luna raccrocha, et alla se balader sur les bords de Seine. Le bleu du ciel, tellement changeant, turquoise d’un côté, sombre de l’autre, donnait l’impression de s’enfoncer dans les profondeurs de l’atlantique, jusqu’à ce moment où les rayons du soleil n’atteignent plus les eaux du fond, et où le froid vous envahit au fur et à mesure que vous vous laissez piéger par ce monde non destiné à la présence humaine.
Elle reçut dans les jours suivants 3 nouveaux refus. Elle commença alors à réfléchir autrement et se renseigna sur internet sur les diverses manières d’être publiée. Avait-elle réellement besoin d’une maison d’édition ? Il existe tellement de moyens de communication de nos jours. N’avait-elle pas récemment entendu parler d’un libraire qui avait tweeté l’intrégalité du 1er tome d’Harry Potter ? Il y avait encore l’option du blog. Pourquoi ne pas publier un chapitre par semaine ? Elle avait travaillé dans la communication, elle saurait faire son auto-promotion… Ces informations continuèrent à lui trotter dans la tête pendant quelques jours, cherchant le solution la plus appropriée à l’avenir qu’elle souhaitait.
8.
Depuis quelques temps, la librairie dans laquelle travaillait Arthur commençait à perdre un peu de clientèle. La faute aux mastodontes comme la Fnac et Amazon. Il faisait partie de cette génération qui ne prenait plus le temps d’aller en boutique et qui préférait se faire tout livrer, et pourtant, il ne comprenait pas ce comportement. Heureusement, il n’était pas du genre à se laisser faire, et commença à réfléchir à des idées pour donner un nouveau souffle à ce lieu si cher à son coeur. Les séances de dédicaces étaient de bons coups de pub, mais les gens ne venaient que pour rencontrer l’auteur, et ne faisaient pas attention aux autres livres ou à la librairie elle-même, et puis, ce n’était pas très original. Il fallait trouver une idée sympa, et surtout qu’ils soient les seuls à avoir.
Après plusieurs jours de réflexion et de brainstorming avec son patron, ils finirent par avoir une idée, simple, mais qui pourrait se révéler très intéressante : ils allaient organiser un concours de jeunes auteurs. Le but était simple : trouver une personne non publiée actuellement afin de lancer son premier livre dans leur boutique. Ensuite, un bon coup de pub et de bouche à oreille feraient connaitre ce nouvel auteur prometteur, et les gens seraient obligés de venir l’acheter dans leur librairie, qui serait au début, le seul point de vente.
Deux jours plus tard, Arthur avait déjà tout organisé : des flyers étaient disposés sur le comptoir, il en avait distribué aux commerces du coin, et avait organisé un évènement sur la page facebook de la librairie, afin qu’il soit relayé sur tous les réseaux sociaux. Ainsi, chacun des clients du quartier entendirent parler de ce concours, chez le boulanger, le fleuriste, ou tout simplement de la bouche d’un Arthur très enthousiaste. Et cette nouvelle était d’ailleurs parvenue jusqu’à Joséphine, l’amie de Luna qui l’avait soutenu ces derniers mois et qui habitait ce quartier. Aussitôt, elle pensa à Luna, et se rendit à la librairie pour se procurer un formulaire d’inscription.
9.
A peine le papier en main, Joséphine se dépêcha d’appeler Luna pour lui faire savoir qu’elle avait une super nouvelle à lui annoncer et qu’il fallait qu’elles se retrouvent à leur bar habituel pour en parler.
Rendez-vous était pris, et une heure plus tard, elles étaient attablées à la table du café, un verre de vin à la main.
– Un concours de jeunes auteurs. J’avoue que cette idée ne m’était pas venue à l’esprit… Luna était sceptique.
– Mais c’est une super idée ! J’ai lu ton livre, il est totalement dans l’air du temps, et quand j’ai discuté avec le libraire, qui, en passant, était plutôt mignon, il m’a expliqué qu’il voulait apporter un peu de modernité et attirer les gens de notre âge dans sa boutique. Donc c’est parfait !
– Oui tu as peut-être raison, de toute façon, je peux toujours essayer, bien que je sois sûre que je ne serai pas sélectionnée.
– Arrête de partir défaitiste ! Tente ta chance. En plus, si tu gagnes, ils éditeront et imprimeront ton livre, et le vendront dans leur boutique. C’est une opportunité géniale. Et tout ce que tu as à faire, c’est de remplir ce formulaire et d’envoyer une copie de ton livre.
– Oui oui, ok, je vais le faire, la lettre partira dès demain je te le promets.
– Et comme promis, Luna posta le tout le lendemain, en croisant les doigts une fois de plus.
Rendez-vous demain pour les 3 derniers chapitres !! 🙂
No Comments