J'♥

Un Sourire dans le Métro #1

21 janvier 2019

Aussi loin que je m’en souvienne, la lecture a toujours été pour moi un vrai plaisir, voire même parfois un besoin, comme un petite bulle dans laquelle je pouvais m’enfermer et m’évader dès que ça n’allait pas. Que ce soit Harry Potter, un grand classique de la littérature ou un livre plus léger comme ceux de Jenny Colgan, la lecture fait partie de ma vie.
Et puis un jour où ça allait tellement mal que même ma bulle ne me suffisait plus, je me suis retrouvée non pas à lire, mais à écrire. Sans vraiment le savoir ni le vouloir, j’ai couché des mots sur le papier, comme si mes émotions débordaient. Et petit à petit j’ai trouvé une nouvelle bulle.
Le résultat : une nouvelle, ma toute première, intitulée « Un Sourire Dans Le Métro ».
Et depuis 2 ans que j’ai fini de l’écrire, je ne sais pas trop quoi en faire. Alors elle reste là, sur mon ordinateur, dans l’attente d’être lue. Alors aujourd’hui, j’ai décidé de la sortir et de l’offrir aux lecteurs bienveillants de mon blog.

Pour ceux qui me connaissent, vous me retrouverez beaucoup dans le personnage de Luna et c’est bien normal car cette histoire est partie d’un évènement qui m’est arrivé dans le métro, il y a maintenant 4 ans… Je me suis donc fortement inspirée de moi-même pour écrire cette nouvelle de 12 chapitres.

Un Sourire dans le Métro

Chapitres 1 à 3

1

Les nuages gris étaient lourds de pluie. Quand les premières gouttes se mirent à tomber sur Paris, Luna se hâta pour aller se mettre à l’abri dans la première bouche du métropolitain. Arrivée sur le quai, la pluie semblait encore ruisseler sur son visage. Encore un de ces soirs où, à bout de nerfs et d’épuisement, elle se mettait à pleurer dès qu’elle franchissait les portes de la ligne 8. Assise sur les strapontins, à l’abri des regards de ses collègues, elle baissait la tête et séchait ses larmes en silence, en essayant d’être discrète.

Chloé, comme à son habitude, lui avait fait reproches sur reproches dès le début de la journée. Être en stage n’est pas facile, et Luna en était consciente, mais elle savait également que depuis un mois, sa maître de stage avait dépassé une limite, et s’adonnait à un harcèlement moral qui lui pesait fortement. Depuis quatre mois qu’elle était sur Paris, tout n’avait pas été rose, mais son alternance dans cette agence de publicité de petite notoriété avait suffit à lui donner chaque jour le sourire. Elle avait été considérée dès le début presque comme une employée et avait son propre client. Ce n’était pas celui qui avait la meilleure histoire ou le plus gros budget, mais pour Luna, c’était son premier véritable client ! Elle participait aux réunions et aux shootings, en tant que spectatrice, mais également en tant que figurante. Elle voyait des idées prendre vie au fur et à mesure et elle réalisait que ce métier, pour lequel elle avait étudié pendant 5 ans, était véritablement ce qu’elle souhaitait faire… Jusqu’à ce que tout change, du jour au lendemain sans raison. Chloé avait alors commencé à la rendre responsable de toutes les erreurs commises par l’agence, et n’hésitait pas à lui faire savoir que c’était elle la chef. Elle allait fouiller son historique sur Google, et lui donnait une montagne de travail, chaque jour un peu plus. Luna, voulant prouver qu’elle pouvait être aussi efficace que n’importe quel employé, n’osait rien dire, mais chaque jour elle craquait un peu plus.

Ayant peu d’amis sur Paris à cette époque, Luna avait commencé à se renfermer petit à petit sur elle-même. Elle voyait de temps en temps une amie d’enfance, ou une amie du temps ou elle faisait ses études au Havre. Elles savaient toujours lui remonter le moral mais étaient malheureusement souvent très occupées. C’était alors des petits bouts de ciel bleu, des rayons de soleil qui illuminaient sa semaine. Alors le soir, quand elle rentrait chez elle, dans son studio du 11ème arrondissement, elle fermait la porte et se retrouvait dans son cocon, au calme, et elle se perdait dans des séries télévisées, dans un livre, ou dans la préparation d’un bon petit repas. Elle aimait cette partie de la journée où elle ne pensait plus à rien, seuls comptaient les personnages virtuels de ces univers divers, qui lui faisaient vivre de multiples péripéties. Lorsqu’elle revenait petit à petit à elle, elle s’imaginait ce que pourrait être sa vie si elle vivait de sa passion. Elle était pâtissière amateur, et n’osait pas se lancer à devenir une professionnelle, bien que cela lui trottait dans la tête depuis quelques mois…

Malheureusement, après 5 ans d’études, elle ne pouvait pas annoncer à ses parents qu’elle souhaitait tout abandonner pour recommencer une vie professionnelle différente. C’était d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elle s’accrochait à ce stage : elle voulait les rendre fiers en réussissant dans son domaine. Penser à tout cela créait toujours un dilemme dans sa tête, et ses sanglots redoublèrent d’intensité.

Soudain, elle vit quelqu’un s’approcher et s’agenouiller près de son siège. Luna leva les yeux, encore emplis de larmes. C’était un jeune homme, un grand brun qui aurait pu être du type ténébreux sans le grand sourire qui illuminait son visage à cet instant.

– Tout va bien Mademoiselle ? Je peux vous aider ? demanda-t-il alors.

Luna ne pouvant penser à rien d’autre que son visage rouge et mouillé de larmes, le remercia poliment et lui répondit que tout allait bien. Il tenta à nouveau :

– Vous êtes sûre ? Vous ne voulez par aller boire un verre ?

– Oui vraiment, tout va bien. Luna mentait, évidemment, mais sa timidité avait repris le dessus.

Le jeune homme, ne voulant pas être trop intrusif, retourna à sa place. Cependant, il ne supportait pas de voir quelqu’un pleurer, surtout quand il s’agissait d’une jeune fille. Il sortit alors une feuille de papier de son sac à dos, et entreprit de dessiner un bonhomme souriant au stabilo jaune fluo. A l’arrêt d’après, alors qu’il s’apprétait à terminer son dessin en le signant de son numéro de téléphone, il la vit se lever, et se rapprocher des portes pour sortir. Il eut alors juste le temps de lui donner le papier avant qu’elle ne sorte de la rame. Luna, étonnée, pris le papier, sortit, puis l’ouvrit pour y découvrir ce dessin. Elle n’eut malheureusement pas le réflexe de remonter dans le métro.

Quelle idiote, je suis sûre que je viens de laisser passer une opportunité. Ca aurait pu être une bonne soirée. Arrête d’être aussi timide et sois un peu plus courageuse ma fille !

Elle releva la tête, chercha le jeune homme du regard alors que le métro commençait à partir et lui fit son plus beau sourire en guise de merci.

2

Arthur regarda la jeune fille s’éloigner. Il n’avait pas eu le temps d’écrire son numéro et s’en voulait. Il n’allait certainement jamais la revoir, et cette idée le rendait triste. Elle l’avait ému avec ses grands yeux bleus brillants de larmes. Elle était jolie et parraissait timide. Il aurait voulu la consoler.

Au moins, je sais à quel arrêt elle descend. Si c’est ici qu’elle habite, je peux espérer la recroiser un jour prochain.

Arthur descendit du métro deux arrêts plus tard. Il sorti de ce labyrinthe de tunnels souterrains, alla s’acheter une baguette chez le boulanger du coin, hésita à s’acheter une douceur pour se remonter le moral, puis renonça, n’ayant pas assez de monnaie. Il rentra chez lui, et s’installa sur son canapé, devant la télé.

Arthur habitait un joli studio au premier étage d’un immeuble de type Haussmanien. Les murs blancs, les moulures et le parquet ancien l’avaient totalement séduit quand il avait visité cette appartement pour la première fois. Cela faisait maintenant 3 ans qu’il vivait ici, près de Nation. Il avait toujours vécu à Paris, et ne s’imaginait pas une seconde pouvoir vivre ailleurs. De toute façon, c’était ici qu’il travaillait en tant que libraire, et ici qu’il avait ses amis et sa famille. Il n’avait donc aucune raison de vouloir partir. Soudain, on sonna à la porte. Arthur savait qu’il s’agissait de Nathan, son voisin du dessus et ami d’enfance.

– Tu rentres et tu ne viens même pas partager un trognon de pain avec ton pote ? Que se passe-t-il ? Tu es malade ? Dis-le car si c’est le cas je retourne chez moi, je ne veux pas être contaminé !

– Que tu es bête, je n’ai rien, juste besoin de décompresser.

– Tiens, je ne t’ai jamais entendu dire ce genre chose… Tout va bien ?

– Oui, oui… c’est juste que je viens de louper une opportunité.

– Une opportunité ?

– Oui, bon, je t’explique. Tout à l’heure, j’étais dans le métro, je rentrais du boulot, quand une jeune fille est montée. Elle pleurait. Tu me connais, je ne supporte pas voir les gens pleurer, surtout quand c’est une jolie fille.

– Ah oui, je comprend mieux, tu as laissé passer une “opportunité” d’un soir…

– NON ! arrête ce n’est pas du tout ce que je veux dire. Je lui ai demandé si tout allait bien, si elle voulait aller boire un verre, mais elle m’a répondu que ça allait. Je n’ai pas voulu insister. J’ai essayé de lui donner mon numéro au cas où elle changerait d’avis, mais elle est partie avant que j’en ai eu le temps…

– Et alors ? Des jolies filles il y en a tous les jours dans le métro.

– Oui mais j’en ai marre de ces parisiennes qui font la gueule ou te poussent sans s’excuser.

– Donc tu les préfères quand elles pleurent. Excuse moi mais je te ne suis pas là…

– Non je dis juste qu’elle m’a ému. Elle avait l’air d’être différente. Elle était habillée comme une parisienne, élégante, mais elle avait un côté simple et fragile à la fois.

– Ah, pour une fois que tu vois une fille qui te plait, tu la laisses filer… Bon aller, viens en haut, je nous ai préparé une omelette, mais ne t’avises pas de critiquer ce plat !

Arthur monta chez Nathan, et comme à leur habitude, ils passèrent une soirée tranquille. Ils dinèrent autour d’un verre de vin rouge, parlèrent des actualités, de la soirée des Oscars qui avait eu lieu la veille, de la robe d’Emma Stone qui l’a mettait si bien en valeur…

3

Luna, comme chaque matin, avait repris son trajet habituel, métro ligne 9, changement à République, puis métro ligne 8, arrêt Madeleine. Assise, elle observait discrètement les gens qui l’entouraient. Elle tentait d’interpréter leurs gestes. Elle voulait savoir si les gens étant heureux d’aller travailler existaient, ou si c’était un mythe. Mais c’était rare qu’elle croise quelqu’un de souriant dès le matin, ou alors il s’agissait de touristes. Arrivée devant la porte de l’agence, elle prenait alors une attitude de circonstance, comme si de rien n’était et s’apprêtait à passer une nouvelle journée, identique à la précédente, où les critiques allaient pleuvoir, et où son seul moment de répis serait quand elle se retrouverait seule le soir, après que tout le monde ait quitté les bureaux sauf elle, qui croulait sous les demandes toutes plus inutiles les unes que les autres.

Mais ce jour là fut le jour de trop. Alors qu’elle était à son bureau, répondant à une énième demande de photocopies, elle entendit Chloé et Louise dans le couloir, se moquant bruyamment d’elle. Qu’elles lui fassent des reproches en face passait, mais qu’elles en fassent un spectacle destiné à toute l’agence pour l’humilier, c’en était trop. Folle de rage mais surtout triste de devoir en arriver là, elle fouilla dans son sac et en sorti une feuille qui y était déjà depuis quelques jours : sa lettre de démission.  Ainsi, elle décida, après deux mois et demi de reproches et d’humiliations diverses, qu’il était inutile de se battre pour rester, et qu’il valait mieux pour elle de partir, au risque de se retrouver sans stage pendant quelques temps. Luna se dirigea donc vers le bureau de Louise et lui tendit la lettre :

– Demain sera mon dernier jour.

– Pardon ? demanda Louise, interloquée.

– Tu as bien entendu. Depuis plus d’un mois, vous vous acharnez sur moi, toujours à trouver la petite faute, sans pour autant essayer de m’expliquer comment ne pas faire ces erreurs. Vous ne souhaitez pas que je progresse, je vais donc chercher ailleurs une entreprise dans laquelle je pourrai m’épanouir et apprendre sans crainte de me faire rabaisser à chaque question.

– Que tu partes ou que tu restes ne changera rien à mon entreprise, cependant, je me dois de te dire que tu as 2 semaines de préavis… tenta Louise pour la faire perdre pieds. Malheureusement pour elle, Luna avait tout prévu :

– En fait, je suis en cours les 2 prochaines semaines. C’est donc vous qui décidez, soit vous acceptez ma démission à compter de demain, soit vous l’acceptez avec un préavis, mais vous me paierez alors quinze jours supplémentaires sachant que je ne serai pas là.

Fière de sa répartie, Luna laissa glisser la feuille sur le bureau :

– Il faut marquer la date ici, et signer là. Pour le chèque, merci de faire le nécessaire auprès de la compta pour que je parte avec demain. Je ne veux plus à avoir à mettre un pied dans ces locaux.

Le lendemain soir, Luna sorti de l’agence et se mit à pleurer, mais cette fois, c’était de soulagement…

Rendez-vous demain pour les 3 prochains chapitres 🙂

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3 Comments

  • Reply Un Sourire dans le Métro #2 ~ LA PIPELETTE DE PARIS 22 janvier 2019 at 18:05

    […] Pour les chapitres 1 à 3, cliquez ici […]

  • Reply Un Sourire dans le Métro #3 ~ LA PIPELETTE DE PARIS 23 janvier 2019 at 18:00

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  • Reply Un Sourire dans le Métro #4 ~ LA PIPELETTE DE PARIS 24 janvier 2019 at 18:01

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